Mes nuits sont blanches, mes idées noires

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Mes nuits sont blanches, mes idées noires

Artiste : Orelsan | Album : La fête est finie | Titre : San | Année : 2017



J’suis dans l’premier Mario

À chaque fois, j’crois qu’j’ai fini l’jeu, ça repart à zéro

En plus rapide, en plus dur

J’devais être plus mûr, j’ai dû m’tromper d’futur

J’aimerais retrouver la magie du début

Rien n’fonctionne quand l’cœur n’y est plus

Ça fait mal à la fierté, j’ai du mal à l’admettre

Mais j’ai jamais été aussi perdu

Le monde est un PMU

Où n’importe qui donne son mauvais point d’vue

Où la télé passe des infos déjà vues

Pendant qu’la radio joue des sons qu’on n’écoute même plus

J’essaye de trier, entre les snobs pointus

Et les mongoles incultes, je sais plus où cliquer

J’essaye de feater, rester d’actualité

Sans devenir ma propre télé-réalité

J’veux pas rester figé, piégé

Dans mon personnage comme une prise d’otages à Disney

Mal vieillir comme un vieux punk

Quand tu crois qu’t’es Bart mais t’es M. Burns

J’suis pas chez moi dans la capitale

J’continue d’écrire sur une ville où j’habite pas

J’essaie d’être un homme bien mais j’suis plutôt moyen

J’crois qu’j’suis juste un génie du mal

J’regrette mes vieux démons

Roi dans l’mensonge, esclave dans l’vrai monde

Vigilent à chaque seconde

Si j’le laisse seul, mon esprit s’égare dans la pénombre

J’pensais m’lever un matin, être un homme

Sûr que la vie qu’j’ai choisie est la bonne

Fiable, avoir construit quelque chose de stable

J’suis qu’un sale gosse sur un château d’sable

Marre de faire des grands sacrifices pour des p’tites gloires

Sans même savoir savourer la victoire

Mes nuits sont blanches, mes idées noires

C’est comme chaque fois qu’j’ai arrêté d’boire

Et qu’les journées sont plus qu’des gueules de bois

Pourquoi tu veux m’mettre un bébé dans les bras?

J’ai déjà du mal à m’occuper d’moi

J’essaye d’être droit, de faire des choix

De faire plaisir à tout l’monde à la fois

La famille, les amis, les amis de la famille

La famille des amis, les amis des amis

Divertir un public qui m’connaît pas

Peu importe c’qu’ils croient, j’suis toujours à deux doigts

Du craquage, à deux doigts du pétage de cable

T’étonne pas si tu m’vois marcher dans la rue en pyjama

Mais j’craquerai pas

J’craquerai pas, j’craquerai pas

J’craquerai pas

J’pourrai plus m’enfuir

Mon frère a deux enfants, j’veux les voir grandir

J’veux plus faire semblant, plus jamais mentir

J’suis déjà fou, autant rester dans l’délire, haan

J’serai celui qui fait une blague avant d’mourir

Celui qui part dans un fou rire, haan

J’veux laisser mon propre souvenir

Pas faire du sous le mec à la mode en pourri, haan

Les temps changent, les gens changent

Mais j’m’ennuie vite, j’aime le changement

J’étais déjà différent

J’le serai jusqu’à la nuit des temps, vie rapide, mec lent

Avant, j’avais peur d’être pas normal

Quand j’vois les gens normaux, j’suis fier d’être pas normal

Le monde est vénéneux, mon cerveau fait des nœuds

J’me fais à l’idée d’aller jamais mieux

J’voulais écrire pour les haineux, mais j’vais faire mieux

Écrire pour ceux qui m’aiment, eux

C’est toujours pour ma ville quand j’mets l’feu

J’ai tout l’reste de ma vie pour être vieux

Où sont passées les stars de ma jeunesse?

Morts ou devenus des parodies d’eux-mêmes

J’veux jamais faire pareil

Retour vers le futur, j’veux pas rater l’troisième

J’veux faire des chansons d’amour homicide

Qui poussent un célibataire au suicide

J’aimais l’rap avant qu’la hype gentrifie

Vodka, Doliprane, maintenant j’anticipe

J’ai dit « je t’aime » à des connasses qui n’en valaient pas la peine

J’ai jamais dit « je t’aime » à ma mère

J’veux plus faire marche arrière

J’arrive à peine à la fin du début d’ma carrière

J’ai fait des erreurs, j’ai fait des choses louches

J’ai fait des rappeurs, j’ai fait des fausses-couches

Quand j’disais « c’est nous, l’futur », j’parlais d’maintenant

J’parlais d’cet instant, le futur, c’est maintenant

J’ai tous les flows, j’serai jamais sec

Ablaye et Skread, j’vais jamais perdre

On a commencé dans une salle des fêtes

On va devenir c’qu’on voulait être

Merde, j’arrive en Gun Kata

Jeune bâtard, me revoilà

Saitama, punch fatale

J’écris chaque phrase comme si Michael pouvait voir ça

J’laisserai pas la médiocrité m’avoir

J’ai vu assez d’bâtards tristes pour croire au karma

Orelsan, part trois

Le dernier volet d’la saga

« San », ça veut dire « trois »

« San », ça veut dire « monsieur »

San, j’ai mis la moitié d’ma vie pour savoir c’que j’veux

La fête est finie

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