Comme si ça pouvait me porter malheur de croire à mon propre bonheur

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comme si ça pouvait me porter malheur de croire à mon propre bonheur

Artiste : Nekfeu | Album : Cyborg | Titre : Humanoïde | Année : 2016



Est-ce que tu t’es d’jà fait rabaisser par celle que t’aimais secrètement?

Gentille en privé mais, d’vant les gens, cruelle et légère

Est-ce que t’as d’jà tapé quelqu’un juste pour qu’on te respecte?

Sans excuse, est-ce que t’as d’jà regretté au point d’ber-ger?

Est-ce que tu t’es d’jà dit: « Faut qu’j’me secoue, j’ai plus 16 ans »?

N’être plus qu’une âme perdue, errer et rôder des heures

Voir un mec s’faire racketter, appeler au s’cours et pisser l’sang

Dans le même wagon du RER où t’étais seul

Est-ce que t’as détourné l’regard? Dégoûté face à ta propre lâcheté

Est-ce qu’après t’as fait des trucs de malade juste pour t’racheter?

Est-ce pour ça qu’t’as été violent quand la prof t’a jeté?

Est-ce que tu t’es identifié au taf de Kourtrajmé?

Est-ce que tu gardais, à l’époque

Des secrets d’famille lourds dont tu peux même pas parler à tes potes?

Même pas deux balles pour un café, rêvais-tu d’sauter la serveuse?

L’été, à Paris, dans les parcs, tu sortais la serviette

Est-ce que t’as d’jà ressenti l’ivresse en t’imaginant la tristesse

De ceux qui te connaissent si tu t’faisais sauter la cervelle?

Est-ce que t’as d’jà ressenti la nature, au point qu’ça en soit douloureux?

Aimerais-tu partir en souhaitant bonne chance à tous les reufs?

Est-ce que tu t’es d’jà menti à toi-même?

Est-ce que t’as été surpris quand on t’a dit « on tient à toi, mec »?

Est-ce que tu serais fidèle, même terrifié avec un flingue sur la tempe?

Est-ce que t’as honte de vérifier qu’t’es bien coiffé sur la tof?

As-tu déjà brisé d’tes mains la vitrine d’un zin-gam?

Victime du seum et du stress qui détruit nos organes

En regardant goutter ton sang, t’es-tu déjà planqué

Pour recompter ta somme jusqu’à c’qu’un condé t’assomme?

Est-ce que tu t’réveilles au milieu d’la nuit? Encore une inspi’

En sachant qu’l’alcool et les spliffs abîment le corps et l’esprit

T’es-tu remis avec elle après qu’elle t’ait été infidèle?

Est-ce que t’oublies que tu l’as détestée et t’as envie d’elle?

Est-ce que, pour n’pas la gifler, t’as dû te battre contre l’instinct?

T’es-tu juré que plus jamais tu perdrais l’contrôle à c’point?

Est-ce que t’étais comme vide quand ils t’ont annoncé?

T’en es-tu voulu de n’pas pleurer sa mort? Est-ce que tu t’es forcé?

Est-ce que c’est venu plus récemment, pour un détail anodin?

Au point de chialer toute la nuit sur un vieux son de rap français?

J’ai pas fait d’études, j’emmerde tes politiques, j’ai pas fait HEC

J’ai pas b’soin d’ça pour m’exprimer quand j’vois des pauvres sur la chaussée

J’connais les tafs de merde, les potes qui partent, le shit dans la chaussette

J’me suis longtemps d’mandé si j’pouvais faire quelque-chose mais, là, je sais

Non, j’ai pas fait l’ENA ni Sciences Po, j’ai pas fait HEC

J’ai pas b’soin d’ça pour m’exprimer quand j’vois des pauvres sur la chaussée

J’connais les tafs de merde, les potes qui partent, le shit dans la chaussette

J’me suis longtemps d’mandé

J’viens d’un monde où même les morts sont à vendre, j’avance car l’avenir m’attire

Et j’réponds aux questions du morceau d’avant par l’affirmative

Personne pour alléger nos peines, tu f’rais quoi à notre place?

Y a des choses qu’on doit faire seul, personne pourra lécher nos plaies

À notre place, parcourir la ville avec mes chats crevés

Partager chaque grain, noyer notre chagrin dans chaque rre-ve

Trempés jusqu’aux os sous l’averse, des chats de gouttière

Dans cette vie sans saveur, on cherche les goûts d’hier

Alors le sang se verse, elle attend son sauveur, ma princesse

Mais, un jour, j’partirai sans affaire, attiré par les sens inverses

Cette envie d’bombarder quand tous les feux sont rouges

J’ai l’esprit daltonien, toi, tu fais l’mal quand t’étales ton bien

Mes pensées enfermées dans une tôle hermétique

Un amour infini pour mes proches qui m’pardonnent, ceux qui tolèrent mes tics

Peu d’respect pour les colleurs d’étiquettes, vu qu’mon cœur a la couleur des tigres

Le sang glacial sous la polaire, j’médite

J’te parle d’honneur, d’éthique, nos parents ont souffert debout

Chaque victoire, ils sont fiers de nous, pour ça qu’on leur dédie

J’ai la colère des p’tits à qui on d’mande de choisir d’un coup leur métier

Qui a conseillé la conseillère d’orientation?

Ma jeunesse, son cœur est en sang, l’oseille est en rotation

Profiter sans faire attention t’emmène en centre de rétention

Obligé d’s’enterrer dans l’son, trouver une putain d’raison d’vivre

J’ai frappé dans les murs, mais ça résonne vide

C’est pour les gosses à l’allure bizarre, les voleurs, les Éléphant Man

Les mecs instables qu’ont des putains d’valeurs mais les défendent mal, humanoïde

Entrer dans ce monde plat nous dessert

J’plane, est-ce le désir?

J’ai peur que d’moi car le sage n’est pas d’ceux qui craint le sabre

Écrivain le soir, j’rappe sur les dunes pendant des heures

Un petit grain de sable

La solitude m’inspire des airs

Et j’entends tout ce rap dans mon crâne

Comme des mantras qui m’entravent

Et, même quand on montera

Y a toujours quelque chose qui manquera

Tant que j’continuerai à reculer pour compter mes pas

Le pire, c’est d’capter qu’c’est même pas qu’on t’aimait pas

C’est juste qu’on t’ignorait

Pire qu’un robot d’Asimov

Ta vie, un casino

T’es quasiment en liberté, enfermé dans des cases immenses

Une femme battue se fait carna

Carnage désincarné

Sang écarlate sur le carrelage

Moi, je garde ça dans un carnet

Trop de mômes en prison, fuis ce monde oppressant

Trop de moments précieux, vis le moment présent

J’emmerde l’horloger, tu f’rais mieux de réfléchir

Famille de réfugiés jamais relogée

Quand j’parle de valeurs, ils m’parlent de premiers prix

Ils méprisent la maîtrise, je maîtrise le mépris

En dépit de l’esprit, on est pris dans les cris

Seul face à mon reflet, aucune symétrie

Et puis j’ai rendu la seule qui m’aimait triste

Celle qui s’était éprise de mes tristes débris

Et mes regrets m’étripent car j’ai vu depuis

Mes écrits la détruire, la déprime l’amaigrir

Quand l’amour rend aigri, ça t’vient fatalement

Comme la fin d’un monde où l’soleil mourant est gris

Meurtri comme un ermite, je ne décris que l’éternité

Putride devient l’esprit qu’on a pétri de modernité

Je ne vois que des vitrines mais, ce qui brille, nous le ternissons

Des crises, des crimes, des cris, des griffes que nous vernissons

C’est pour les cyborgs défectueux, les Éléphant Man

Les mecs instables qu’ont des putains d’valeurs mais les défendent mal, humanoïde

Comme si ça pouvait m’porter malheur de croire à mon propre bonheur

Je crois qu’ça m’fait peur tellement j’ai souffert

Encore un texte rempli d’aveux, pour toi, si l’amour rend aveugle

Pourquoi l’ai-je embrassée les yeux ouverts?

Comme si ça pouvait m’porter malheur de croire à mon propre bonheur

Je crois qu’ça m’fait peur tellement j’ai souffert

Encore un texte rempli d’aveux, pour toi, si l’amour rend aveugle

Pourquoi l’ai-je embrassée les yeux ouverts? hey

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